Joker sur le toit d'un immeuble de Gotham City en train de rigoler, avec le logo de Batman reflété par la Lune

Quelle est la véritable histoire du Joker ?

La véritable histoire du Joker n’a jamais été clairement établie, car les comics offrent plusieurs versions contradictoires. La plus connue, dans The Killing Joke d’Alan Moore, décrit le Joker comme un comédien raté qui, après une série d’échecs personnels, accepte de participer à un braquage sous le masque du Red Hood. Lors de sa confrontation avec Batman, il tombe dans une cuve de produits chimiques qui altère son apparence et déclenche sa transformation mentale vers le folie. Cependant, le Joker admet que ses souvenirs sont confus, ce qui laisse planer le doute sur l’exactitude de cette version.

 

Quelles sont les origines du Joker dans les comics ?

 

Le Joker fait sa première apparition dans le numéro 1 de Batman en 1940. Il est introduit comme un criminel décalé, un maître du crime difficilement prévisible qui défie directement son ennemi favori Batman. Créé par Bill Finger, Bob Kane, et Jerry Robinson, le personnage est inspiré du film L'Homme qui rit de 1928. Dès ses débuts, le Joker incarne la folie et le danger, se distinguant des autres criminels par son rire sinistre et son visage clownesque.

 

Dans ce perpétuel combat entre Batman et le Joker, ils forment le Yin et le Yan parfait, l'un défendant l'ordre et la justice, et l'autre s'y opposant par l'instauration du chaos et de l'absurde à outrance.

 

Le joker assis dans un banc et menotté à l'asile d'Arkham

 

The Killing Joke (1988)

 

L’une des versions les plus célèbres est celle présentée dans The Killing Joke d’Alan Moore, souvent considérée comme l’histoire d’origine la plus populaire du Joker. Dans ce récit, le Joker est dépeint comme un homme ordinaire, un comédien raté qui lutte pour subvenir aux besoins de sa femme enceinte. Acculé par la pauvreté, il accepte de participer à un cambriolage en tant que “Red Hood”, un criminel masqué. Cependant, le vol tourne mal, Batman intervient, et dans sa fuite, le personnage tombe dans une cuve de produits chimiques. Ces produits décolorent sa peau en blanc, teignent ses cheveux en vert, et lui donnent un sourire permanent. Déformé physiquement et mentalement brisé par ces événements, il devient le Joker.

 

Cependant, cette version est elle-même remise en question au sein de l’histoire. Le Joker admet que ses souvenirs sont confus et dit :

“Parfois, je me souviens des choses d’une manière, parfois d’une autre. Si je dois avoir un passé, je préfère qu’il soit à choix multiples.”

Cela souligne l’idée que même cette version pourrait n’être qu’une vision partielle ou inexacte de ses véritables origines.

 

Le Red Hood

 

Dans de nombreux récits des années 1950 et 1960, le Joker est lié au personnage du “Red Hood”, un criminel masqué. Dans cette version, il est un gangster anonyme qui opérait sous ce pseudonyme avant de rencontrer Batman.

En tentant de s’échapper après un braquage, il tombe dans une cuve d’acide chimique dans une usine, ce qui déforme son visage et lui donne son apparence caractéristique. Après cet incident, il sombre dans la folie et devient le Joker. Cette version sert souvent de base dans plusieurs comics, mais elle reste souvent vague sur ses origines avant qu’il ne devienne le Red Hood.

 

The New 52 (2011) et Rebirth (2016)

 

Avec les reboots comme The New 52 et DC Rebirth, les origines du Joker sont devenues encore plus incertaines. Dans The New 52, le Joker est montré comme un psychopathe complètement imprévisible, et il n’y a pas de tentative sérieuse pour réécrire ses origines en détail. Dans l’arc Endgame de Scott Snyder, il est même suggéré que le Joker pourrait être une entité immortelle qui a existé pendant des siècles, bien que cela reste ambigu et pourrait être une autre de ses manipulations psychologiques. On pourrait l'interpréter comme un symbole générationnel qui synthétise les maux sociaux de leur époque.

 

Dans DC Rebirth, une révélation est faite : il y a potentiellement trois Jokers différents, chacun ayant marqué des périodes différentes de la carrière criminelle du personnage. Cet arc, exploré plus en profondeur dans Batman: Three Jokers (2020), complique encore davantage la question des origines en insinuant que le Joker n’est pas un seul individu, mais plusieurs criminels adoptant la même identité.

 

Pourquoi les origines du Joker sont-elles incertaines ?

 

Les différentes interprétations des origines du Joker ajoutent à son mystère, et permettent de nuancer sa folie. Dans The Killing Joke, écrit par Alan Moore, il est présenté comme un comédien raté qui tombe dans une cuve de produits chimiques. Cependant, même cette histoire n'est pas définitive, car le Joker lui-même admet que ses souvenirs sont flous. Cette ambiguïté voulue par les auteurs permet de garder le personnage flexible et adaptable aux nouvelles interprétations.

 

Différentes versions du personnage peuvent exister, comme celui de Joaquin Phoenix ou de Heath Ledger, chacune adaptée à l’époque, ou à la vision du réalisateur ou du scénariste. Que ce soit un homme brisé par la société (incarné par Arthur Fleck) ou un génie du crime calculateur, le Joker reste un miroir des angoisses et la misère sociale de son époque, et son histoire peut être réécrite à n'importe quelle époque.

 

Quelle est l'histoire du film Joker ?

 

L'histoire d'Arthur Fleck

 

Arthur Fleck qui danse dans une marche d'escalier de Gotham

 

Le film Joker de 2019, réalisé par Todd Phillips, raconte l'histoire d'Arthur Fleck, un homme souffrant de troubles mentaux qui rêve de devenir comédien de stand-up. Rejeté par la société et humilié à plusieurs reprises, il bascule progressivement dans la folie. Le film explore la transformation d'Arthur en Joker, un symbole de chaos et de rébellion dans une ville de Gotham plongée dans le désordre social. Cette interprétation moderne aborde des thèmes comme la marginalisation, la maladie mentale et l'injustice sociale.

 

Dans ce film, la haute société, représentée par des figures comme Thomas Wayne, incarne l’élite déconnectée des réalités des plus pauvres. Wayne, un milliardaire influent et potentiel maire de Gotham, perçoit les pauvres comme des clowns, réduisant ainsi leurs difficultés à une simple caricature. Cette attitude symbolise une élite qui ignore délibérément la souffrance des masses et qui continue de prospérer dans un système qui les avantage. Pendant ce temps, les défavorisés comme Arthur Fleck se voient coupés des services essentiels, notamment des soins psychiatriques, poussés à la violence par un environnement hostile qui les rejette constamment.

 

Le film met en scène la montée d’une révolte sociale, où les classes les plus défavorisées se soulèvent contre ceux qu’elles perçoivent comme responsables de leur misère. Cette révolte, déclenchée par les actes violents du Joker à la fin du film, illustre la manière dont le fossé entre riches et pauvres a conduit à une société explosive, où les personnes au sommet du système vivent dans une bulle de privilèges, inconscientes ou indifférentes aux souffrances des plus faibles. Joker dénonce ainsi l’aveuglement volontaire des élites, et les conséquences dramatiques de l’inaction face aux inégalités sociales. 

 

Le rire du Joker

 

Le personnage d’Arthur Fleck souffre d’une condition appelée rire pathologique, une maladie neurologique réelle qui provoque des rires incontrôlés et inappropriés. Ce rire surgit souvent à des moments de stress, d’anxiété ou de malaise. Il est hors de son contrôle et ne correspond pas à ses émotions réelles. Arthur distribue même des cartes expliquant cette condition lorsqu’il rit de façon inappropriée. Joaquin Phoenix a expliqué dans des interviews qu’il avait développé trois types de rire pour son personnage :

 

  • Le rire de souffrance : C’est celui qui survient malgré lui, et qui lui cause une grande douleur psychologique. Il est souvent accompagné de larmes ou de signes de malaise.
  • Le rire conscient : Il survient lorsqu’Arthur commence à embrasser sa transformation en Joker, un rire plus authentique, plus délibéré, lié à son nouveau sens de liberté.
  • Le rire forcé : C’est un rire qu’il utilise pour essayer de se fondre dans la société, par exemple quand il veut s’intégrer ou paraître normal. Il apparaît surtout dans les premières parties du film.

 

Le rire devient un fardeau pour Arthur, car il le marginalise davantage. Il rit souvent dans des situations où il se sent mal à l’aise ou vulnérable, ce qui accroît le malaise social autour de lui. Cette maladie est un reflet de son isolement et de son incapacité à se connecter au monde qui l’entoure.

 

L'asile d'Arkham

 

À la fin du film, Arthur Fleck, devenu pleinement le Joker, est vu en train de danser dans un couloir de ce qui semble être Arkham State Hospital (équivalent de l’Asile d’Arkham). Cette scène montre Arthur, après avoir été capturé par la police, en tant que patient interné à Arkham, ce qui suggère qu’il est maintenant reconnu comme criminellement fou. Sa transformation en Joker est complète, et son internement à Arkham conclut son aliénation définitive à la société.

 

Le film Joker: Folie à Deux, Harley Quinn (incarnée par Lady Gaga) n'est pas introduite en tant que psychiatre à Arkham, mais plutôt comme une patiente ce qui ne suit pas du tout la trame habituelle. Par ailleurs, ce film est l'un des pires film de Warner Bros, avec une sensation qu’on a voulu caser une comédie musicale à tout prix parce qu'il fallait bien justifier la présence de Lady Gaga.

 

Pourquoi le Joker devient-il fou ?

 

Le Joker est souvent représenté comme un personnage dont la folie est le résultat de plusieurs facteurs combinés. Les versions diffèrent, mais certains éléments récurrents incluent un traumatisme personnel, des abus, ou une exclusion sociale.

 

Dans The Killing Joke, il est décrit comme un homme ordinaire poussé à bout par une série de tragédies. Le film de 2019 ajoute à cette vision en mettant en avant l'isolement et le manque de soutien dont souffre Arthur Fleck, montrant comment ces facteurs le poussent à adopter le chaos et la folie comme mode de vie.

 

Dans le film avec Heath Ledger, il exprime clairement qu’il a besoin de Batman pour exister, car la folie ne peut se définir qu’en présence de repères moraux. Ces critères moraux sont poussés à l'absurde, et c'est ce qui a rendu malade le monde de Gotham City.

  

Comment s'est suicidé Heath Ledger ?

 

Heath Ledger, l'acteur qui a incarné le Joker dans The Dark Knight (2008), est décédé d'une overdose accidentelle de médicaments le 22 janvier 2008. Les circonstances entourant sa mort ont alimenté les spéculations, certains affirmant que son rôle en tant que ennemi juré de Batman avait affecté sa santé mentale. Il faut dire que sa représentation fût exemplaire, et tellement bien maîtrisé qu'il fait parti des meilleurs acteurs qui ont pu joué le personnage du Joker.

 

Selon le rapport officiel du médecin légiste, Ledger est mort d’une intoxication aiguë due à un mélange de médicaments sur ordonnance, notamment des antidépresseurs, des anxiolytiques (comme le Valium et le Xanax), des somnifères (Ambien) et des analgésiques (Oxycodone et Hydrocodone). L’enquête a conclu que sa mort était accidentelle, attribuée à une mauvaise combinaison de substances, et non à un suicide intentionnel.

 

Il souffrait de problèmes d’insomnie et de stress liés à son travail. Certains pensent que son rôle intense dans The Dark Knight, où il interprétait le Joker, a contribué à ses difficultés psychologiques et à ses troubles du sommeil, bien qu’il n’y ait pas de preuve directe que cela ait joué un rôle majeur dans sa mort. Tout est spéculation, et on n'aura jamais la réponse de la mort de l'un des plus grands acteurs qui a incarné le Joker.

 

Le Joker est-il réellement méchant ?

 

Joker et Batman qui se regardent en face à face, à Gotham City

 

Le film de 2019 présente le Joker comme un symbole des frustrations sociales et de la marginalisation. À travers Arthur Fleck, le film explore les effets de la négligence et du rejet sur un individu vulnérable, faisant la pitoyable démonstration sur les dysfonctionnements de notre époque. Le personnage devient un porte-parole des laissés-pour-compte, utilisant le chaos pour exprimer sa colère contre un système qui l'a abandonné, et qui en a abandonné tant d'autres.

 

La durabilité du Joker dans la culture populaire est liée à une révolte populaire. Il représente le chaos pur, mais aussi la souffrance et la quête de sens dans un monde absurde régie par des normes: paradoxale n'est ce pas ? Il est clair que la relation qui existe entre Batman et le Joker n'est pas aussi manichéenne qu'on pourrait le penser au premier abord.

 

Ce mélange de traits le rend aussi attrayant pour les auteurs que pour le public, garantissant ainsi son statut d'icône intemporelle. Le Joker incarne la dualité humaine avec son antithèse qu'est Batman: la folie et la lucidité, l'ordre et le chaos, le bien et le mal.

 

Par l'équipe MySuperSuit.

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